Introduction au bien-être des souris de laboratoire

La prise en compte du bien-être des animaux captifs prend de plus en plus d’importance dans nos sociétés. Cela concerne aussi les animaux de laboratoire, utilisés à des fins scientifiques ou médicales et ce d’autant plus que leur bien-être peut influencer le résultat des recherches (Poole, 1997).

Les souris (mus musculus) sont des animaux sociaux vivant en groupe dans des domaines vitaux plus ou moins étendus pouvant aller de quelques mètres jusqu’à plusieurs kilomètres carrés (cité dans Balcombe, 2010). Cette espèce peut vivre dans divers habitats comme les environnements urbains, les champs, les bords de rivières, etc. Son régime alimentaire est très diversifié : les souris peuvent se nourrir de graines, de fruits, de racines, de céréales, de légumes, d’insectes ou encore de viande. Afin de s’adapter à ces environnements, les souris ont développé un répertoire comportemental riche comprenant la construction du nid, le creusement de tunnels, divers comportements exploratoires, alimentaires, sociaux, maternels, sexuels ou encore de défenses. Cependant, du fait de la réduction de l’espace (0.006 à 0.01 m2/individu ; Directive de 2010) et du manque de stimulation sensorielle, l’hébergement en cage impacte drastiquement l’expression comportementale des souris de laboratoire et, par conséquent, leur bien-être.

Mais comment évalue-t-on le bien-être d’un animal ? Il existe deux types d’indicateurs : 1) des indicateurs basés sur l’environnement physique et social de l’animal et 2) des indicateurs basés sur l’animal via son état physique, physiologique ou psychologique (Leach et al., 2008). Les indicateurs physiques du bien-être portent sur l’apparence ou les postures de l’individu tandis que les indicateurs physiologiques se concentrent sur des paramètres tels que la condition corporelle, la fréquence respiratoire, la concentration hormonale, etc. Quant à la dimension psychologique de l’animal, elle peut être évaluée au travers d’indicateurs comportementaux ou par des tests cognitifs (cité dans Campos-Luna, 2020).

Dans la suite de nos articles, nous vous présenterons les différents comportements des souris témoignant d’un état de mal-être ou de bien-être. Les souris ont été choisies car elles représentent plus de 52 % des animaux utilisés pour la recherche scientifique (soit 5.5 millions d’individus utilisés en Europe en 2019) (Bachelard, 2023).

Références :

  • Bachelard, N. (2023). Les animaux toujours largement utilisés pour la science en Europe. La Fondation Droit Animal, Ethique et Sciences. https://www.fondation-droit-animal.org/115-les-animaux-toujours-largement-utilises-pour-la-science-en-europe/
  • Balcombe, J. (2010). Laboratory Rodent Welfare: Thinking Outside the Cage. Journal of Applied Animal Welfare Science, 13(1), 77–88. https://doi.org/10.1080/10888700903372168
  • Campos-Luna, I. M. (2020). The development of a quantitative and qualitative protocol for assessing the welfare of laboratory mice [Thesis, Newcastle University]. http://theses.ncl.ac.uk/jspui/handle/10443/4997
  • Directive 2010/63/EU of the European Parliament and of the Council of 22 September 2010 on the protection of animals used for scientific purposesText with EEA relevance.
  • Leach, M., Thornton, P., & Main, D. (2008). Identification of appropriate measures for the assessment of laboratory mouse welfare. Animal Welfare, 17(2), 161–170.
  • Poole, T. (1997). Happy animals make good science. Laboratory Animals, 31(2), 116–124. https://doi.org/10.1258/002367797780600198
  • Defensor, E. B., Corley, M. J., Blanchard, R. J., & Blanchard, D. C. (2012). Facial expressions of mice in aggressive and fearful contexts. Physiology & Behavior, 107(5), 680–685. https://doi.org/10.1016/j.physbeh.2012.03.024
  • Dolensek, N., Gehrlach, D. A., Klein, A. S., & Gogolla, N. (2020). Facial expressions of emotion states and their neuronal correlates in mice. Science, 368(6486), 89–94. https://doi.org/10.1126/science.aaz9468 https://doi.org/10.1038/nmeth.1455
  • Langford, D. J., Bailey, A. L., Chanda, M. L., Clarke, S. E., Drummond, T. E., Echols, S., Glick, S., Ingrao, J., Klassen-Ross, T., LaCroix-Fralish, M. L., Matsumiya, L., Sorge, R. E., Sotocinal, S. G., Tabaka, J. M., Wong, D., van den Maagdenberg, A. M. J. M., Ferrari, M. D., Craig, K. D., & Mogil, J. S. (2010). Coding of facial expressions of pain in the laboratory mouse. Nature Methods, 7(6), 447–449. https://doi.org/10.1038/nmeth.1455
  • Mason, G. J. (1991). Stereotypies: a critical review. Animal Behaviour, 41(6), 1015–1037. https://doi.org/10.1016/S0003-3472(05)80640-2
    https://doi.org/10.1177/0023677215577298
  • Spangenberg, E. M., & Keeling, L. J. (2016). Assessing the welfare of laboratory mice in their home environment using animal-based measures – a benchmarking tool. Laboratory Animals, 50(1), 30–38. https://doi.org/10.1177/0023677215577298