L’enrichissement… qu’est-ce que c’est ?
Les bénévoles et stagiaires d’Éthosph’R fabriquent et installent des enrichissements dans les enclos des primates afin d’améliorer leur bien-être. Nous avons pensé que ce sujet méritait un peu plus de précision, notamment sur la définition de ce qu’est l’enrichissement et la façon d’évaluer son impact positif sur l’animal.
La définition de l’enrichissement
Tout d’abord, l’enrichissement est un terme générique pour désigner une modification de l’environnement, ou l’apport de stimuli, dans le but d’améliorer le bien-être de l’animal captif en répondant aux besoins intrinsèques de l’espèce en matière de comportement.
Il existe plusieurs types d’enrichissement, qui vont répondre à des besoins différents. Par exemple :
- En resocialisant les animaux qui ont vécu longtemps en isolement, on leur apporte un enrichissement social. Plus le groupe est important et plus leur vie sociale sera riche !
- Les enrichissements cognitifs des enclos du zoo-refuge la Tanière visent à stimuler le comportement de recherche alimentaire des primates, qui est un comportement naturel. Ainsi les primates s’occupent ‘intelligemment’ durant la journée, et cela évite qu’ils développent des comportements répétitifs aberrants (aussi appelés stéréotypies).
- Accroitre l’espace de vie des animaux (e.g. accès a l’extérieur, cages plus grandes) leur permet d’exprimer plus de comportements moteurs et de jeu, ce qui améliore leur santé physique.
- Pour les espèces nidicoles (e.g. rongeurs, porcs), donner du matériel de nidification aux femelles gestantes leur permet de satisfaire leur besoin de construire un nid pour leur portée et réduit le stress au moment de la mise-bas.
Evaluer l’impact d’un enrichissement
Un même enrichissement n’a pas la même valeur pour toutes les espèces, car toutes n’ont pas les mêmes besoins comportementaux. De plus, au sein d’une même espèce, la préférence pour un type d’enrichissement varie aussi avec l’âge (e.g. les juvéniles préfèreront des « jouets » et les plus âgés préfèreront des objets améliorant leur confort), le genre et le stade physiologique (les femelles nidicoles gestantes apprécieront plus des matériaux pouvant former un nid) de l’animal, et le type d’environnement dans lequel l’animal se trouve.
Pour pouvoir juger de l’intérêt qu’un animal a pour un type d’enrichissement, il faut donc bien observer le comportement de celui-ci : compter le nombre d’interactions mais aussi noter la qualité de ces interactions. Par exemple il se peut qu’un animal tente d’interagir plusieurs fois avec un enrichissement sans arriver à réaliser le comportement désiré (e.g. des canards qui tentent de se baigner dans leur abreuvoir, trop petit pour permettre la baignade) alors qu’il ne va interagir qu’une seule fois avec un enrichissement qui lui permet de satisfaire son besoin (e.g. un bassin d’eau permet aux canards de se baigner entièrement).
Il existe une multitude de mesures du bien-être des animaux (cf. article précédent), qui sont très utiles afin de déterminer les enrichissements qui ont l’impact positif le plus important sur les animaux, mais toutes les études ne s’accordent pas, du fait de grandes variations individuelles mentionnées plus haut. Malgré tout, s’il est difficile de tirer des conclusions générales sur ce qui doit être donné aux animaux pour leur permettre d’avoir une vie plus agréable, il semble clair que ne rien leur donner est un facteur de mal-être certain. Il faut de plus garder en tête que ces enrichissements doivent aussi répondre aux exigences/contraintes humaines concernant leur coût, leur durabilité, leur facilité d’entretien et l’espace requis. Les études scientifiques sur l’enrichissement des milieux captifs sont de plus en plus nombreuses, ce qui permet d’alimenter les législations concernant la détention d’animaux et d’améliorer leurs conditions de vie.