Petit historique de la relation entre lapins et êtres humains

Oryctolagus cuniculus, que l’on connait notamment aujourd’hui comme le lapin domestique, ou lapin de garenne, vivait déjà à l’état sauvage dans toute l’Europe il y a 1,8 million d’années (Flux, 2008). Les êtres humains seraient les principaux responsables de l’expansion actuelle des populations sauvages de lapins dans la majeure partie du monde, excepté dans certaines régions asiatiques et en Antarctique où les conditions climatiques leur sont trop défavorables (Wilson et Reeder, 1993).

Le premier témoignage d’une proximité forcée entre les êtres humains et les lapins date de l’Antiquité vers 2000 avant l’an 0 : le peuple phénicien commença alors à capturer des lapins dans les plaines ibériques pour les amener en Italie (Sandford, 1993). Plus tard, vers 1000 avant l’an 0, l’Empire romain a mis en place un système d’exploitation que l’on pourrait considérer comme intensif pour l’époque. En effet, les Romain.e.s détenaient un grand nombre de lapins dans des cages étroites, où ils vivaient et se reproduisaient dans des conditions insalubres, et qui servaient de garde-manger quasi-illimité pour le peuple romain. Cette pratique s’est étendue à d’autres habitant.e.s de l’Italie, si bien qu’en l’an 230 de notre ère, un grand nombre de lapins étaient maintenus en captivité (Buseth et Aunders, 2015).

Entre les années 500 et 1500, l’élevage et l’abattage des lapins pour leur chair et pour leur fourrure sont devenus monnaie courante, notamment en Europe. L’exploitation des lapins était même intégrée à des pratiques religieuses dominantes de l’époque, comme par exemple les jeûnes religieux pendant lesquels les moines français étaient autorisés à manger de jeunes lapins. Cela a conduit à une intensification des pratiques d’élevage avec la mise en place de protocoles de sélection (génétique) des lapins pour qu’ils soient plus gros ou pour qu’ils aient un motif de pelage désiré (Buseth et Saunders, 2015). Ainsi, plusieurs races de lapins avaient déjà été créées et répertoriées au 16ème siècle et les croisements entre races débutèrent au 19ème siècle.
Dans la seconde moitié du 20ème siècle, le lapin a progressivement changé de statut au sein des mœurs européennes. En effet, même si cet animal est resté un objet d’exploitation pour sa chair et sa fourrure dans certains pays, il est aussi devenu un compagnon pour les familles. Toutefois, depuis les années 2000, son utilisation comme animal de compagnie est questionnée par des associations de protection des animaux qui communiquent sur le respect de ses besoins pour améliorer son bien-être.

Les lapins domestiques actuels sont ainsi le résultat de la pression de sélection forte exercée sur l’espèce depuis au moins 4000 ans. Même si le comportement des lapins domestiques ne semble pas avoir complétement divergé de celui des individus restés à l’état sauvage, il est tout de même possible de mettre en évidence quelques singularités liées à leur domestication. Les lapins domestiques passent ainsi un temps plus conséquent à se reposer à la surface du sol durant la journée que les lapins sauvages, et le marquage des territoires non familiers est plus fréquent chez les mâles domestiqués. Par ailleurs, on constate une augmentation de la taille des lapins domestiques et une précocité des petits qui quittent le nid environ une semaine plus tôt) (Bell et Mitchell, 1984).

Références :
• Bell, D. J., & Mitchell, S. (1984). Effects of female urine on growth and sexual maturation in male rabbits. Reproduction, 71(1), 155‑160.
• Buseth, M. E., & Saunders, R. (2015). Behaviour, learning and communication. In M. E. Buseth & R. Saunders(Éds.), Rabbit behaviour, health and care (1ʳᵉ éd., p. 29‑56). CABI.
• Flux, J. E. C. (2008). A review of competition between rabbits (Oryctolagus cuniculus) and hares (Lepus europaeus).In P. C. Alves, N. Ferrand, & K. Hackländer (Éds.), Lagomorph Biology : Evolution, Ecology, and Conservation (p.241‑249). Springer.
• Sandford, J. C. (1993). Notes on the history of the rabbit. Journal of Applied Rabbit Research, 15, 1-1.
• Wilson, D. E., & Reeder, D. M. (Éds.). (1993). Mammal species of the world : A taxonomic and geographic reference (2nd ed). Smithsonian Institution Press.