Les chats ont aussi le droit à une éducation positive !

Beaucoup de fausses croyances circulent sur les chats, ce qui a pour conséquence d’engendrer de la maltraitance (passive et/ou active). Un questionnaire rempli par 547 personnes résidant aux États-Unis montre par exemple que 47 % des personnes interrogées pensent que leur chat se comporte parfois mal (Grigg et Kagan, 2019). Or, il est important de comprendre qu’un “mauvais comportement” indique le plus souvent une inadéquation entre les besoins naturels de l’animal et ses conditions de vie actuelles. Par exemple, un chat qui fait ses griffes sur le canapé ne s’amuse pas intentionnellement à casser les meubles de la maison, il lui est simplement nécessaire de faire ses griffes quelque part… Face à un comportement jugé “mauvais”, 77 % des répondants leur crient dessus, 85.2 % font un bruit fort, par exemple en tapant des mains, 51.4 % déclarent avoir déjà aspergé le chat d’eau et 10.9 % répondent avoir déjà frappé ou donné des coups de pied à leur chat (Grigg et Kagan, 2019). Pourtant, la grande majorité des personnes interrogées (91,8 %) considèrent leur chat comme un membre de la famille. Les résultats de cette étude montrent que les croyances en des idées fausses et anthropomorphiques sur le comportement des chats, contribuent au mal-être de ces derniers. Par exemple, l’accord des répondants avec l’affirmation “Les chats se comportent souvent mal (par exemple, en urinant en dehors de la litière) pour se venger de leurs propriétaires qui ont fait quelque chose que le chat n’aime pas” était positivement corrélé avec leur tendance à utiliser des punitions. Or, comme expliqué précédemment, dans ces situations les animaux ne font pas exprès de nous embêter, ils expriment simplement leurs comportements naturels et leur mal-être. La punition est également connue pour entraîner des problèmes comportementaux tels que de l’anxiété ou de l’agression (Casey et al., 2021).

Ajouté à cela, une étude de Mariti et al. (2017) montre que la majorité des gardiens de chats ne savent souvent pas comment reconnaître si leur chat est stressé. Ils ont tendance à ne pas reconnaître certains signes de stress considérés comme cruciaux par les comportementalistes (faire ses griffes sur les meubles, se figer, dilatation des pupilles, cystites récurrentes).

Apprendre à reconnaître les signes de stress permettra aux gardiens de chats d’améliorer le bien-être de leurs animaux. L’apprentissage des règles de la maison peut par exemple passer par une éducation positive. La fausse croyance qui voudrait que les chats ne puissent pas apprendre et être éduqués comme les chiens a la vie dure ! Les chats peuvent apprendre rapidement de nombreux tours comme toucher une cible, s’asseoir, tourner et donner une tape dans la main, avec l’aide du clicker training (Kogan et al., 2017). La méthode du clicker training consiste à presser sur un clicker (qui produit un son reconnaissable) lorsqu’un comportement souhaité se produit et à associer ce son à une récompense alimentaire ou une caresse. Des scientifiques ont montré que les animaux pouvaient également apprendre à avoir moins peur du vétérinaire grâce à l‘utilisation de récompenses. Dans cette étude, Pratsch et al. (2018) ont utilisé le renforcement positif (nourriture) pour apprendre à des chats à entrer et à rester volontairement dans une cage de transport et à s’habituer aux promenades en voiture. L’étude a montré que l’entraînement a permis de réduire les signes de stress pendant le trajet en voiture et de réduire le temps de l’examen vétérinaire.

Pour conclure, nous avons tendance à sous-estimer les capacités cognitives et émotionnelles des chats et à ignorer leurs besoins naturels, ce qui induit une maltraitance passive de la part de leurs gardiens. Comme les chiens et les chevaux, les chats méritent eux aussi une éducation basée sur la récompense.

Rédaction : Delphine Debieu, vulgarisatrice scientifique sur Instagram sur @ethologuedesdinos.

Relecture et corrections : Rachel Degrande, docteure en éthologie cognitive.

Sources :

  • Casey, R. A., Naj-Oleari, M., Campbell, S., Mendl, M., & Blackwell, E. J. (2021). Dogs are more pessimistic if their owners use two or more aversive training methods. Scientific Reports, 11(1), Art. 1. https://doi.org/10.1038/s41598-021-97743-0
  • Grigg, E. K., & Kogan, L. R. (2019). Owners’ Attitudes, Knowledge, and Care Practices : Exploring the Implications for Domestic Cat Behavior and Welfare in the Home. Animals, 9(11), Art. 11. https://doi.org/10.3390/ani9110978
  • Kogan, L., Kolus, C., & Schoenfeld-Tacher, R. (2017). Assessment of Clicker Training for Shelter Cats. Animals, 7(10), Art. 10. https://doi.org/10.3390/ani7100073
  • Mariti, C., Guerrini, F., Vallini, V., Bowen, J. E., Fatjó, J., Diverio, S., Sighieri, C., & Gazzano, A. (2017). The perception of cat stress by Italian owners. Journal of Veterinary Behavior, 20, 74‑81. https://doi.org/10.1016/j.jveb.2017.04.002
  • Pratsch, L., Mohr, N., Palme, R., Rost, J., Troxler, J., & Arhant, C. (2018). Carrier training cats reduces stress on transport to a veterinary practice. Applied Animal Behaviour Science, 206, 64‑74. https://doi.org/10.1016/j.applanim.2018.05.025